La Nòvia

 

 

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.Mars 2021   Revue & Corrigée


https://www.revue-et-corrigee.net 

Yann Gourdon, derviche tourneur
Un entretien réalisé par Michel Henritzi



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.Janvier 2021   Bandcamp Daily


https://daily.bandcamp.com 

French collectives Pagans & La Nòvia plunge traditional folk
in drone and noise to bracing results

Par Phil E. Bloomfield



“Plugging in” can be a dangerous thing to do in a traditional folk environment—just ask Bob Dylan. Or, for that matter, French musician Guilhem Lacroux, who received a “mixed” reaction the first time his groups, Toad and La Baracande, toured the traditional music circuits in their home country.

Perhaps it was their “harsh noise” aesthetic that did it. “I don’t remember if Pierre-Vincent [Fortunier] was already electrifying his bagpipes back then, but I remember we got unplugged, people called the police, we emptied venues, people wanted to punch us,” Lacroux laughs. “The first five years were… complicated. Eventually we said to ourselves, we have to come up with something to help us hold out, and so we started to put together La Nòvia.”

La Nòvia is a unique proposition. Consisting of 12 musicians spread between Mulhouse in the east and Pau in the southwest, it’s not really a label so much as, “a place to exchange and to meet,” says Lacroux. It’s also become a key player in the movement to bring France’s oft-maligned and half-forgotten folk tradition into the present day.

“We all have very different perspectives, whether on music or in general,” Yann Gourdon, a founding member, explains. “It’s the fact that we can be present and exist as individuals that shapes the collective.” This philosophy is present in both the music—the members, from electroacoustic academic Yvan Etienne to traditional fiddler Perrine Bourrel, collaborate extensively both inside and outside the collective—and within the organization itself.

“We want to pay the musicians like workers,” explains Elodie Ortega, who manages production and handles their graphic design. “All the money from the records goes to the collective.” Instead of royalties, each member is paid—based on a flat, universal hourly rate—according to the hours they have spent working for the collective, whether in the studio, performing, or traveling. This also enables the musicians to be treated as “contributors” under French social security, she explains, meaning that they are eligible for sick pay and retirement benefits.

And while La Nòvia isn’t an overtly political effort (“I think that what we are building—living together, doing things together—is, in some way, political,” says Gourdon), other modern practitioners of traditional music are more strident.

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.Décembre 2019   Station Station : Festival Visions #777


https://www.mixcloud.com/Station_Station_radio 


Interview w/ La Nòvia & Standard In-Fi"
Par Marie La Nuit

Une discussion avec La Nòvia & Standard In-Fi au cours de laquelle nous décortiquons le collectif, le label, les notions de musiques traditionnelles et de musique folkloriques, le tout ponctué par l'écoute de musiques.



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.Octobre 2019   Webzine Le Temps Machine


https://www.letempsmachine.com/webzine 

Petit retour sur le concert de La Nòvia au Temps Machine le 17 octobre 2019
Par Magali De Ruyter

Au soir du 17 octobre 2019, et après l’excellent concert du groupe Ni (metal prog, math rock), se sont produits au Temps Machine les membres du collectif La Nòvia, dans leurs formations « Maintes fois » puis « les Géantes ».

Quelques heures plus tôt, les musiciens m’avaient livré leurs conceptions de leurs musiques au cours d’une interview passionnante. À l’approche du concert, il me semblait malgré tout n’avoir aucune idée de ce qui allait se passer. Comment ces multiples réflexions sur les manières d’expérimenter la musique allaient-elles s’incarner ? J’aimais cette sensation étrange de curiosité mêlée d’impatience. À ma grande surprise, le concert a explicitement incorporé tous les ingrédients dont les musiciens avaient précédemment discuté. Assurément, l’expérience, sensorielle, corporelle, est à vivre davantage qu’à rendre compte. Je vais tout de même m’y essayer.

J’ai vécu le long crescendo qu’est « Maintes fois » véritablement comme une mise en place de la danse, qui prendrait finalement possession des corps avec « Les Géantes ». Dès le commencement, l’expérience est tant visuelle qu’auditive. Le son est minimal, mais le geste est musical. Tous mes sens sont à l’affût de ce qui va, ou non, se passer. Je ne m’attends à rien et je m’attends à tout. Un à un, les huit musiciens assis en arc de cercle entrent en mouvement et en action.
Progressivement, le silence disparaît et la matière sonore s’épaissit. Le crescendo s’installe tant par l’accumulation de sons que par le volume grandissant de chacun. L’individuel et le collectif s’entremêlent et se donnent à voir comme à entendre. On est en présence d’un collectif d’individus : en son sein, aucun ne s’efface, chacun évolue plutôt à sa manière au profit d’un ensemble commun. L’exemple du chanteur est particulièrement révélateur de cette dynamique. Au plus fort de la tempête sonore, sa voix, que l’on entendait clairement depuis le début, est engloutie. Sa place n’en demeure pas moins centrale : assis au milieu de l’arc de cercle, ses lèvres continuent de bouger. Le son se fait alors image.

Puis les pieds se mettent à battre collectivement la mesure, dans une sorte de mouvement dansé typique du jeu de diverses musiques traditionnelles françaises. Le volume sonore semble atteindre son paroxysme. Ça vrombit et ça tourbillonne, dans la salle comme dans mon corps : impression étrange de vivre une scène de deux manières simultanément (et je ne suis sous l’emprise d’aucune substance illicite). Certains spectateurs/auditeurs sont assis à même le sol, les yeux fermés, dans une sorte d’état méditatif. Je me déplace afin d’appréhender le son différemment selon les endroits.

Un à un, les musiciens cessent de jouer. En conséquence, on s’attendrait à un decrescendo ramenant au silence. Le volume sonore, par voie électronique, ne cesse pourtant d’augmenter, contrastant à présent avec l’immobilité des musiciens. C’est brutalement qu’émerge le silence. J’aimerais qu’il dure, comme élément à part entière de la composition, comme élément de suspension du temps. Bientôt il est brisé par les applaudissements. Trop rapidement à mon goût. Signe, si besoin en était, que nous expérimentons chacun différemment.

L’expérience individuelle d’une situation collective, l’imbrication du sonore et du visuel, le geste musical, l’incorporation et le mouvement, ne sont pas des éléments spécifiques à La Nòvia. Au contraire, ils sont le propre implicite de tout concert, tant du côté du groupe qui se produit que de celui du public. La singularité de La Nòvia consiste, à mon sens, davantage en l’attention portée à ces événements. En les élevant au rang de constituants musicaux de premier plan, elle les donne à expérimenter plus perceptiblement. En se produisant sur une scène de « musiques actuelles », elle ouvre cette expérience à un public peut-être moins rompu aux scènes « trad » et « expérimentale ». On peut simplement regretter que davantage de personnes n’ait accédé à cette expérience ce soir-là.

voir aussi : La Nòvia en interview 


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.Septembre 2019  Hook


https://www.hookjournal.com 


Boom-boom-boom-tchak
Par David McKenna

[...] It’s worth taking a moment here to look at France’s relationship to French folk tradition though, since I’ve been tempted to refer to the band’s music as ‘drone folk’ in the past. That link resides largely in the presence of the hurdy-gurdy; despite crossover in personnel (particularly hurdy- gurdy player Yann Gourdon), France’s music falls outside the purview of the La Nòvia collective, which in its explorations of the links between folk and minimalism is already oriented much more towards psychedelic reinvention than an obsession with terroir**. Antecedents for La Nòvia are the likes of Valentin Clastrier, who in 1984 released an album called ‘La Vieille À Roue De L’Imaginaire’ – ‘the hurdy gurdy of the imagination’. The album’s sleeve notes, by a certain Alain Saron, feature an English translation and describe Clastrier’s music as “an irreverent provocation aimed at the hurdy-gurdy players who restrict themselves to interpreting the traditional repertory.” The same notes also give a wonderful description of the way the hurdy gurdy - “the only instrument in the whole history of music to be started by the turning of a wheel (akin to a never-ending bow)” – was viewed in France during different periods, “at times sought after and at times despised.” The 18th Century “with its fashion for ‘shepherdesses’ adopted it as part of the snobbery of the aristocracy and the bourgeoisie” while in the 19th Century it was “left to the people.” Back in the 17th Century, meanwhile, it “was rejected by academic music and known as the beggars’ lyre, the instrument of the tatterdemalions.” Tatterdemalions! Any ‘tradition’ the hurdy-gurdy belongs to is in itself a story of competing socio-aesthetic framings.[...]


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.Août 2019  CHEWn! Zine


https://chewnzine.bigcartel.com 






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.Mai 2019   France Culture : Par les temps qui courent


https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent 


Perrine Bourel : "Avec le violon on peut aller jouer à l’intérieur du son"
Par Marie Richeux

La violoneuse, comme elle se définit elle-même, nous explique sa découverte de la musique de collectage, et nous parle de cette musique de l'imaginaire, liée à des lieux ou des personnes, qu'elle a essayé de reconstruire. Avec son violon, elle cherche un moyen d'ouvrir un autre monde.
Dans son premier album solo intitulé « Des montagnes » chez La Novia, Perrine Bourel plonge dans les sons des musiques traditionnelles pour violon qu’elle joue depuis vingt ans ainsi que les sons des musiques expérimentales et contemporaines découvertes plus récemment. Elle y aborde son violon comme un medium d'exploration qui dépasse le champ des musiques.



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.Octobre 2018  Editions Lenka Lente


http://www.lenkalente.com 


Agitaion Frite 3
Philippe Robert
Livre 410 pages

Dans ce dernier des trois volumes qui constituent Agitation Frite, saisissant panorama de l’underground musical français, Philippe Robert documente les pratiques de l'underground national. Entre autres composé pour moitié d'entretiens (26 interviewés parmi lesquels François Tusques, Joëlle Léandre, Delphine Dora, Jean-Baptiste Favory, André Jaume, Gérard Siracusa, Daniel Deshays, Philippe Carles, Théo Jarrier…), ce livre renferme également plus de 600 chroniques de disques conseillés. Du rock psychédélique au free jazz, de la poésie sonore à l'électroacoustique, de l'acid folk au Rock In Opposition, de la library music à la "chanson expérimentale", des anti-yéyés aux outsiders, du punk-rock à l'indus, des field recordings à l'improvisation libre, du hardcore au post-rock, du noise au black metal...
Ou Pôle, Pataphonie, Subversion, Emergency Exit, Vincent Gémignani, Jean-Yves Labat de Rossi, Stabat Stable, Jean-Baptiste Barrière, Jean-François Pauvros, Nyl, Joseph Dejean, Didider Levallet, Cathy Heyden, Les Asociaux Associés, Nuts & Co, Angel Face, Om, Alain Meunier, Philippe Maté, Nommo, Confluence, Ariel Kalma, Jean-Philippe Blin, Soggy, Mug, Warlus, Didier Bocquet, Alain Saverot, Julien Grycan, Celebration, Demon & Wizard, Peste Noire, Rosa Yemen, Jean-Claude Deblais, Subtle Turnships, Flaming Demonics, Théorème, Rose Mercie, Alpha du Centaure, Éclosion, Michel Roques, Jean-Charles Capon, Synchro Rhythmic Eclectic Language, Temple Sun, Cortex, 010, Jacques Lejeune, André Almuro, Prune Bécheau, Chausse Trappe, Pacific 231, Manon Anne Gillis, La Sonorité Jaune, Trou aux Rats, Entre Vifs, Toy Bizarre, Plat du Jour, Calcium, Oxyde, Amphyrite, Tötenköpf, Les Homard Violets, Jean Tinguely, Robert Filliou, Tonton Macoute, Claude Engel, Popol Gluant, ZB Aids, Cobra Matal, Doc'Daïl, Perception, Archaïa, Mahtab, Dharma Quintet, Cohelmec Ensemble, Dernier Cri, Musique en Chantier, Delired Cameleon Family, Art & Technique, Alain Pinsolle, Lô, Horrific Child, La Baracande, Jéricho, Ghédalia Tazartès, Opéra Mort, Placenta Popeye, Babel, Mozaïc, Théâtre du Chêne Noir, Acanthus, Heriatus Corporation, Pierre Raph, S. Ramses, Sonorhc, Newtone Experience, Tankj, Virgule IV, L'Empire des Sons, Luc Kerléo, Michel Potage, Marc Baron, Gutura, Annick Nozati, Sun Stabbed, La Morte Young, Mesa Of The Lost Women, Regrelh, Claude Yvans & Danou, Jeff, Natural Snow Buildings, Martial Bécheau, Jean-Marie Massou, Jacques Brodier, Olivier Brisson, Astreinte, Gil J Wolman, Nouveaux Riches, Minamata, Daniel Laloux, Jean-Louis Brau…



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.Été 2018  Penguin Eggs


https://www.penguineggs.ab.ca/ 

Penguin Eggs


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.Octobre 2017  The Avant Guardian


http://www.kraak.net 

Avant Guradian n°10


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.Juillet 2017  Musique Bretonne


http://www.dastum.bzh 






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.Avril 2017  The Quietus


http://thequietus.com 


Rockfort: French Music Reviews For April By David McKenna
Par David McKenna

La Nòvia is a collective of musicians spanning central and southern French regions including Auvergne, Rhône-Alpes and Limousin, with a self-appointed mission to refresh French folk music and the instruments associated with it, irrigating traditional songs via experimental channels and the lessons of minimalism. Theirs is the opposite of some kind of terroir approach, a preserving in aspic of regional styles, in spite of the fact they draw on repertoires accumulated by 20th-century collectors. Their use of drone, exemplified by the ever-changing same of Yann Gourdon's hurdy gurdy (vielle à roue) , and repetition taps into - and, to a degree, rewrites - a secret history of collective zoning in/out, so that listening to Duo PuechGourdon (or Toad, Faune, Jericho or any of the other La Nòvia duo or trio configurations for that matter), you might at times imagine yourself locked into the vibrations for hours, outdoors and out of your gourd, circa 1800.[...]


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.Mars 2017  Editions Lenka Lente


http://www.lenkalente.com 


Agitaion Frite
Philippe Robert
Livre 366 pages

Au gré de conversations – inédites, sinon publiées jadis dans Vibrations, Octopus, Revue & Corrigée… – avec quelques-uns de ses acteurs, Philippe Robert compose un panorama saisissant de l’underground musical français, qui documente la pratique de groupes tels que Magma, Urban Sax, Catalogue, Mahogany Brain, Soixante Etages, Etron Fou Leloublan, Camizole, Vidéo-Aventures, Heldon, Lard Free, Workshop de Lyon, Un drame musical instantané, Les I, Dust Breeders, Vomir… ou des labels tels que Saravah, Futura ou Potlatch.
Entretiens avec (par ordre d’apparition) : Gérard Terronès, François Billard, Pierre Barouh, Michel Bulteau, Jac Berrocal, Jacques Debout, Dominique Grimaud, Albert Marcoeur, Christian Vander, Richard Pinhas, Gilbert Artman, Pascal Comelade, Christian Rollet, Guigou Chenevier, Jean-Jacques Birgé, Pierre Bastien, Bruno Meillier, Daunik Lazro, Dominique Lentin, Jean-Marc Montera, Didier Petit, Yves Botz, Dominique Répécaud, Camel Zekri, Noël Akchoté, Christophe & Françoise Petchanatz, Lê Quan Ninh, Jean-Marc Foussat, Jérôme Noetinger, Jean-Louis Costes, Jacques Oger, Jean-Noël Cognard, Sylvain Guérineau, Julien Palomo, Yann Gourdon, Romain Perrot.



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.Octobre 2016  France Musique : À l'improviste


https://www.francemusique.fr/emissions/l-improviste 


À l’Improviste au festival CRAK : Mosaïque Sonore
Par Anne Montaron

L'improvisation est souvent à l'honneur dans la programmation du festival CRAK, festival des musiques affranchies, "entre les mailles", autrement dit des musiques "inclassables". Le festival Crak a lieu tous les ans au coeur de Paris, en l'église Saint-Merri, à l'intitiative de l'association Babbel. La 5ème édition a eu lieu le mois dernier. Nous allons traverser ce soir les temps forts de cette édition. Une traversée en forme de mosaïque, forcément trop rapide par rapport au pouls de cette édition, puisqu'elle s'est déroulée sur trois soirées. Gare au vertige !
Les programmateurs de Sonic Protest, Arnaud Rivière et Franck de Quengo, ont mêlé leurs forces à l'association Babbel et proposé pour la soirée de clôture une Nuit blanche orchestrée par les différents groupes de collectif La Novia. C'est sur une Nuit de Noces aux accents d'Oc en plein coeur de Paris, dans le cadre uinique de l'Eglise Saint Merry reconvertie en dance floor, que s'est refermée cette édition.


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.Octobre 2016  France Musique : Le cri du patchwork


https://www.francemusique.fr/emissions/le-cri-du-patchwork 


No Limit (6) : Un son sans limite
Par Clément Lebrun

Cette semaine nous accosterons le long des rivages d’une musique étirée, modelée et travaillée à l’infini. Je veux parler des expériences sonores que déploient le duo de vielle à roue Le Verdouble, réunissant deux apôtres d’une vielle expérimentale, Yann Gourdon et Yvan Etienne.



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.Septembre 2016  Le Mot et le Reste


https://lemotetlereste.com 


Musiques Occitanes
Camille Martel & Jordan Saïsset
Livre 240 pages

En cinquante ans, depuis le revival initié par Claude Marti dans les années 1970 jusqu’aux expérimentations du collectif La Nòvia en passant par le reggae occitan du Massilia Sound System, les chansons et musiques des pays d’oc ont su dévoiler toute leur multiplicité. On plonge avec elle dans une mythologie complexe, où se rencontrent les troubadours et les Cathares, les luttes sociales contemporaines et la transmission orale, mais aussi les musiques caribéennes, l’Orient, et des affinités toutes particulières avec les cultures du bassin méditerranéen ou du Nordeste brésilien. On (re)découvre la mémoire des populations rurales et urbaines, réunies par une certaine idée de la libération des peuples, de la reconnaissance culturelle, du vivre-ensemble et du multiculturalisme. Afin d’en saisir tous les enjeux, le livre explique en préambule le contexte social et politique de ces diverses résurrections de la musique d’expression occitane, vecteur privilégié d’une culture encore largement méconnue. Voyage dans le temps et les lieux (car l’espace occitan n’est ni plus ni moins que la moitié de la France, de Bordeaux à Lyon en passant par les vallées occitanes d’Italie au Limousin, jusqu’au Val d’Aran en Catalogne), Musiques Occitanes rend compte de toutes les musicalités de ce “pays qui veut vivre”, de ses richesses et ses contradictions, de ses racines et ses voyages.



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.Juillet 2016  Trad'Magazine





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.Juin 2016  Lo Diari


https://www.lodiari.com 



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.Mars 2016  Mouvement


http://www.mouvement.net 






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.Février 2016  Le Courrier (CH)


http://www.lecourrier.ch 

Ventilo


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.Février 2016  Le Monde


http://www.lemonde.fr 

Ventilo


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.Février 2016  Ventilo


http://www.journalventilo.fr 

Ventilo


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.Février 2016  Le Petit Bulletin


http://www.petit-bulletin.fr 

Petit Bulletin, Le Verdouble, Jéricho


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.Septembre 2015  Pitchfork


https://pitchfork.com 


Unearthing the Future of French Pop
Par Anthony Mansuy

To wit, La Souterraine’s biggest coup thus far is the discovery of the self-sustaining la Nòvia collective, a sort of secret society that operates at the crossroads of the traditional and avant-garde. They come from the Auvergne, a mountainous region in central France that’s long been cut off from the rest of the country. La Nòvia play around with transforming the region’s ancestral music into something radical, noisy, and psychedelic.


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.Juillet 2015  Guts of Darkness


http://www.gutsofdarkness.com 

Entretien : La Nóvia (avec les membres de Jéricho et Toad)
Par Dioneo

Il fallait bien qu'on en vienne là… Qu'on cesse de rater l'occasion, de remettre à plus tard. J'avais abordé Yann Gourdon avant l'un de ses concerts lyonnais – au Café du Rhône, en duo avec An Tez, sous le nom de Vaacum – pour lui proposer… Plutôt qu'une interview, un entretien, une discussion. À propos de La Nóvia – ce collectif dont il est un des membres, peut-être le plus visible… Pas le seul - ceux là font corps, d'un groupe à l'autre, singuliers, distincts... Manifestement d'accord. Je voulais parler de cette… Communauté ? Oublions, alors, toute connotation baba et, ou, encore plus, sectaire... J'aurais dit volontiers « commune » - sans jamais penser « chauvinisme ». Ça m'intriguait – ça continue de m'enchanter, de me surprendre… – cette idée surtout pas fixe mais à quoi ils tiennent. Ce mouvement insaisissable mais jamais dans le vague. Les veillées de la Baracande, les bourrées, valses, polkas, de Toad. Les chants intoxicants de Jéricho. Les voix du Cantal qui remontent de la terre et tombent de ce ciel là pour saisir, chez Faune. Les particules sonores en nuages, nuées, constellations, du Verdouble… Le Verdouble, je le savais, devait jouer quelques semaines plus tard au festival Échos, à la ferme du Faï, dans les Hautes Alpes. (Je vous ai conté ça, ailleurs, il y a peu). Il y aurait donc là Yann Gourdon, donc, et son comparse dans ledit duo, Yvan Étienne, autre vielleux. Rendez-vous avait été pris, convenu. Puis… Sur place – circonstances, charges, nuits blanches – différé. Quelques semaines après, d'autres groupes du collectif devaient encore jouer à Lyon - au Jardin des Chartreux, dans le cadre des jeudis des Musiques du Monde, organisés tout l'été par les CMTRA (Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes). Jéricho, justement, et Toad, et le duo Violoneuses. Cette fois devrait bien être la bonne.[...]

Pour lire l'entretien dans son intégralité : http://www.gutsofdarkness.com 


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.Juillet 2015  Libération


http://www.liberation.fr 

Libération, Jéricho


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.Juin 2015   France Culture : Les nouvelles vagues


http://www.franceculture.fr/emission-les-nouvelles-vagues 


La musique (4/5) : Bergères et bergers acides
Par Marie Richeux

Le quatrième temps de notre semaine musicale rappelle le passé. Nous recevons le groupe Jéricho. Avec des instruments anciens : vielle à roue, cabrette, boite à bourdons, ils retravaillent les répertoires musicaux profanes et de dévotion d'Occitanie. Avec Le collectif La Nòvia, ils sont d'éminents représentants de ce courant de la musique contemporaine.
Les performances du collectif de la Nòvia offrent l'expérience d'un son physique, aux consistances palpables : un son dans lequel il est possible de se déplacer. Dans ce collectif de musiciens, conçu comme un lieu de réflexion et d'expérimentation autour des musiques traditionnelles et/ou expérimentales, il y a Jéricho. Leur disque est à paraître à l'automne en vinyle. La musique devient un insecte étourdi, tournoyant, follement attiré par la lumière et qui par les chemins de son vol, invente une multitude de nouveaux lieux d'écoute.



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.Avril 2015   France Culture : Les nouvelles vagues


http://www.franceculture.fr/emission-les-nouvelles-vagues 

Par Marie Richeux

Hier la ville vraiment voulait être en été. Tout voulait être en vacances ou en avance sur la date, et la date elle-même n'était plus vraiment sûre. Un peu sonnée, la Maison de la Radio un peu secouée faisait entendre un drôle de soupir. Beaucoup plus au nord dans le théâtre des Trois Baudets, tournait virait le soupir d'une cornemuse, le son incroyable d'une vielle à roue, les cordes d'un instrument que je ne saurais nommer, et des guitares, et des voix. Le collectif La Nòvia faisait résonner une musique dans un temps et un espace contraint, une musique qui a l'habitude de tourner quasiment à l'infini et volontiers à l'air libre, mais ça marchait. Des chansons de femmes chasseuses du Morvan, des chansons des espaces, des modulations du temps. Tout à la fois abstraite et matière dense, la musique des trois groupes La Baracande, Faune et le Duo PuechGourdon ne faisait rien oublier du temps du dehors de la ville, mais elle le trouait, lui offrait une profondeur, une complexité, des nuances subtiles. Le théâtre en échange lui offrait une écoute si fine. Bref tout ce qui ces derniers jours avait ici manqué.



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.Avril 2015  Libération


http://www.liberation.fr 

Libération


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.Mars 2015   The Drone


http://www.the-drone.com 

La Nòvia va vous faire changer d'avis sur les musiques traditionnelles de nos régions
Par Olivier Lamm

On a découvert La Nòvia, collectif, corps filandreux, asso solidement bâtie petit à petit par petites touches, petites illuminations successives, sans même réaliser qu'on avait affaire à quelque chose d'important et d'organisé. Il y a d'abord eu France , trio exceptionnel de rock de transe dont on vous a parlé en large il y a quelques semaines  pour la réédition d'un de leurs disques chez Mental Groove et dont on suit fébrilement la trace depuis qu'on a découvert sa musique grâce au label de Sun Plexus  ; ensuite Yann Gourdon, pilier du trio avec sa vielle à roue amplifiée dont on a réalisé à force de lire le nom sur les programmes de Sonic Protest ou des Instants Chavirés qu'il était aussi l'une des figures les plus dynamiques de l'underground des nouvelles musiques improvisées; enfin un retour de flammes spectaculaire de l'étranger, notamment les animateurs du festival flamand Kraak, à Gand, qui furent parmi les premiers à s'intéresser aux activités remarquablement radicales des diverses entités très emmêlées du collectif.

Ce dernier fait est d'ailleurs significatif : les gens de La Nòvia se revendiquent tous de l'étiquette "musiques traditionnelles de France" et il fallait sans doute attendre le premier regard d'aimables cousins étrangers pour qu'on cesse de se pincer le nez et qu'on passe à l'acte d'écoute de leurs multiples activités. Pour de complexes raisons idéologiques, politiques et historiques dont on se garde pour l'instant d'entamer l'analyse et l'énumeration et à l'inverse de la plupart de nos voisons européens, la France en effet a mal à ses musiques traditionnelles, profondément et depuis longtemps.

Pour citer un article à charge rédigé en 2012 par notre collaborateur Sylvain Quément dans Chronic'art: "Dans l'inconscient collectif français, il y a un trou. Folkflores et musiques dites traditionnelles, sujet tabou, grand impensé médiatico-intellectuel (...). Folklore: mot maudit, marqué au fer rouge, associé à jamais aux sabots, à la poussière muséale et à la petite chose typique. Une hérésie bien française, alors que partout ailleurs, le mot réfère non à des styles, mais à des fonctions musicales".

Aussi quand un collectif basé en Haute-Loire "qui réunit des musiciens résidant sur un large territoire (Auvergne, Rhône-Alpes, Béarn, Limousin, Cévennes, Franche-Comté)" se revendique de la musique traditionelle, on se figure d'abord un remix foireux de "J'ai vu le loup, le renard et la belette", des indépendantistes bas du front avec des queues de rat sur l'épaule, des fanions qui battent au vent dans un village de vacances. Or les projets de La Nòvia, c'est exactement le contraire: puissance, stridences, ponts jetés vers les univers du noise, du drone, du psychédélisme et de la radicalité.

Yann Gourdon, premier idéologue et porte-parole du collectif, réfute d'ailleurs totalement le terme de "musique folklorique": "Si je suis tant réticent quant à son emploi, c'est que notre musique n'a rien de folklorique. La musique folklorique (pas "folk", le mot "folk" désigne encore autre chose) fixe un instant donné d'une pratique et lui confère une dimension muséale. Ce qui est en contraction avec ce qu'elle représente, puisque les musiques traditionnelles sont vivantes et en perpétuel mouvement. Mais il s'agit là d'étiquettes (tout comme "avant-garde, musiques nouvelles, drone, musiques improvisées"...) et ce n'est pas ce qui m'intéresse quand on parle de musique. Je préfère parler de l'expérience du son. C'est dans la radicalité de l'expression sonore que l'on peut percevoir les affinités esthétiques entre des musiciens tels qu'Antonin Chabrier  (violoneux du Cantal) et Tony Conrad  ou encore le Père Chaicrot  (vielleux du Morvan) et Keiji Haino ".

Des musique des montagnes d'Auvergne et du Limousin revisitées façon americana noise par Toad jusqu'aux bourrées des Alpes du Sud jouées comme la plus radicale des musiques nouvelles par le duo Violoneuses, c'est une ligne de force proprement incandescente qui traverse les groupes de La Nòvia, et c'est peu de dire qu'elle est communicante: elle emporte tout, tout, jusqu'à nos plus tristes, banales idées toutes faites sur les musiques de nos régions, montagnes et forêts. On est infiniment heureux que La Souterraine et MOSTLA se penchent aujourd'hui sur le cas du collectif avec cette anthologie perpétuellement captivante, galvanisante qui devrait décrocher quelques machoires jusque chez les amateurs de noise rock, de musique électronique et d'indie désincarné. C'est totalement gratuit à l'écoute et au téléchargement, n'attendez pas trop pour la récupérer.



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.Février 2015  Guts of Darkness


http://www.gutsofdarkness.com 

La Baracande
Par Dioneo

Histoires d'espace. Le folk, dans ses formes traditionnelles, est une question de distances. D'endroits habités, du noir autours – parce qu'on joue souvent mieux la nuit. De places peuplés par le bal ou – ici – la veillée. Les histoires que racontent ces chansons sont aussi celles de frontières, d'inconnu effrayant, excitant : au delà des topographies, noms de villages, de hameaux, de lieux dits familiers. Le surnaturel n'existe peut-être là que dans ce par-delà, cet extérieur. L'actualité, certes – mondiale, instantanée, égalisée – nie cette dimension. Cette musique y retourne. Et par là : étend la perception. Revient à l'encan du pas humain – à l'ampleur de ce qui vibre, ne s'entend qu'à l'enceinte dans quoi elle est jouée. Il me semble que les groupes du collectif La Nóvia touchent quelque chose, trouvent cette proximité – autant que cette "extension" de l'écoute, pourtant – que le mouvement folk des années soixante dix avait en quelque sorte manqué – ou au moins, à un moment, perdu. Par ce souci, justement, de ne pas amplifier les voix – le chant, les instruments – aux volumes qui combleraient des stades, des marchés internationaux, des assemblées massées plus loin que là où l'œil nu peut voir. Ce n'est pas une fermeture, un repli frileux : ceux-là peuvent jouer partout. C'est une lucidité quand à la "fonction", de la musique. Sa place, sa dimension, encore une fois. Par là : sa possibilité. Aussi : ces gens – Yann Gourdon, présent dans presque tous les groupes réunis dans cette maison, mais pas seulement lui – n'hésitent pourtant pas à distordre leurs sons, distendre ces fréquences déjà naturellement dissonées, en paquets, en complexes d'harmoniques : les bourdons, notes tenues des vielles et violons, les glissandi de la slide, les réverbérations sur cette guitare jouée par un homme assis. La Baracande – groupe qui emprunte son surnom à Virginie Granouillet, chanteuse de la Haute Loire dont ces quatre là reprennent le répertoire, collecté dans les années cinquante et soixante – incarne donc la face "chanson" de ce nouvel art traditionnel. Pour eux, le mot – "incarner" – n'est pas une simple commodité. La présence de cette musique est proprement stupéfiante. La force captivante des épisodes contés, narrés, l'aura sombre de ces histoires de séquestration – comme entrée en matière sinistre, la Haut Dedans La Tour se pose un peu là – de guerre lointaine, de trahison, ne sont pas habillées – bêtement "rhabillées" – par l'électricité, les techniques étendues : elles sont rendues, disais-je, à leur espace. L'amplification, les effets, ne les noient pas : elles en dissolvent l'aura, la font passer au pur plan de la substance, l'intensité sonore en saisissant l'écoute, en saturant la teinte. La Baracande, donc – mais c'est vrai aussi pour Toad, les mêmes sans le chanteur, qui jouent pour la danse ; ou pour Le Verdouble, duo de vielles (avec électronique), qui poussent jusqu'aux confins cette exploration, ce ressassement jamais tout à fait à l'identique de la chimie, de la matière sonore, de sa structure atomique – ne jouent pas pour les foules. Les assemblées, autours, tiennent dans des squats, des granges, des salles territoriales. Chacun, chacune, est sis dans ce périmètre où ce qu'ils déroulent peut rôder, pénétrer, passer. Ici, ce qui est dit redevient pertinent ; L'Angleterre, à nouveau, est un ailleurs où l'on part mourir pour le roi ; la Belle qu'on enterre s'esclaffe à son amant qui lui sourit (et je vous assure qu'entendu ainsi, le récit frappe : d'émerveillement, d'horreur, de vertige). La vision qu'ont ces musiciens et raconteurs – ceux de La Nóvia – n'est pas, disais-je, celle du mouvement folk d'il y a des décennies. Que la Barracande privilégie – comme par exemple le faisait Malicorne – les relations de meurtres, d'élans incestueux, de parentèles criminelles seraient un lien… Presque insignifiant, à vrai dire, en regard des formes trouvées ensuite, respectivement – choisies depuis là, depuis cette souche commune. C'est surtout que ces traits là sont dans le texte, dans la lignée reprises. Musicalement, eux sont ailleurs. Ce qu'ils peuvent prendre à d'autres formes – aux expérimentations, essais supposés savants ou du moins avant-gardistes : le bruitisme ancré ritournelles d'Henry Flynt, le sens du vide et des intervalles de Morton Feldman ; peut-être à un certain rock psychédélique, pour cet usage du son démultiplié, instable et débordant… - n'est pas une adaptation. Ils s'emparent de ces moyens non pour "aller" vers une quelconque "oreille moyenne" ; mais pour leur puissance d'attraction – pour leur capacité aussi à libérer les charges, les remettre en mouvement, les animer plutôt que de les laisser en tensions mortes. Le sens de la répétition – du motif, des mélodies courtes et, comme disait le philosophe "toutes semblables" – est déjà présente dans le matériau, dans ces chants, ces strophes ; semblables mais jamais identiques – une inflexion change tout : climat, nuances, altitudes. Basile Brémaud, d'ailleurs, est bien la voix idoine : imparfaite sans doute pour l'esthétique "classique" ou les circuits de la variété ; mais… idiomatique, qui plie, brise, lie la langue à l'exigence du rythme, de sa scansion et de sa fluidité – d'où liaisons étranges (quatre-z-officiers…), ajouts de voyelles pour la métrique (le vingt-eu-cinq du mois d'avril) ; c'est peut-être aussi le français de Paris qui cesse de contraindre le dialectal, de plier l'accent (l'accent : c'est un sens dynamique). Une voix parfois couverte par la vielle, le violon, la guitare, mais c'est heureux aussi : car l'espace où vit ce qui se raconte – encore une fois : cet extérieur – submerge l'homme, l'attrape, le porte ailleurs. Réverbérations, saturations, boîtes à bourdons, ne "dénaturent" pas ce répertoire, ces chansons ; pas plus que les jeux de pression – l'effet "décollage" – de Gourdon directement sur les cordes de son instrument, les accélérations et superpositions de boucles, les dissonances de Fortunier et Lacroux : elles ne font qu'en accentuer l'allure, rendre plus intense leur perception, nous donner à sentir plus nettement ce qui en est le noyau ; nous plongent dans leur profondeur. Ce qui se joue ici tient presque de l'hallucinatoire – on verrait soudain, comme ce soldat, "sa blonde" traverser dans l'instant la mer, escortée, venue le faire passer serein dans "l'autre monde". Hallucination, oui : mais c'est encore une fois un autre mot pour dire "vision". Lorsqu'on en revient, tout semble plus nettement détouré, toute place plus juste, les volumes exacts et les aberrations saillantes. C'est plus vrai, encore, lorsque le groupe joue en direct – à distance de bras, face à vous. Lorsqu'il finit, souvent, il y a une courte pause, le temps d'un verre à peine. Après quoi, en général, trois de ceux-là reviennent : cette fois, disais-je, pour les bourrées et mazurkas.


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.Novembre 2014   Les Maîtres Fous


http://lesmaitresfous.blogspot.fr 

Une causerie avec Yann Gourdon (La Nòvia)
Par Alexandre Galand

En France, en Haute-Loire pour être plus précis, le collectif La Nòvia produit des musiques vibrantes, passionnantes, ancrées dans des traditions locales longtemps dédaignées. En se jouant des frontières entre musiques expérimentales et musiques traditionnelles, cet ensemble de groupes (tels que Toad, Jéricho, La Baracande...) questionne les notions galvaudées de "tradition", de "mélodie", de "danse". Et leur son prend aux tripes, en même temps qu'il impose de battre du pied. On a eu envie d'en savoir plus en interrogeant Yann Gourdon, joueur de vielle à roue, pilier du collectif (il fait en effet partie de presque tous les groupes de La Nòvia), mais aussi musicien de l'indispensable, furieux et hypnotique France.
La Baracande jouera en concert au Cercle du Laveu à Liège le vendredi 14 novembre. Voir ici  et là  pour en savoir plus.
Toad jouera au Vooruit à Gand le samedi 15 novembre, avec d'autres groupes passionnants tels que Pelt, Norberto Lobo et The Master Musicians of Jajouka (Eastern Daze, Kraak Festival, voir ici ).

J'ai l'impression de ne pas me tromper en avançant qu'avec les différents groupes de La Nòvia, vous ne vous situez pas vraiment dans une optique de « revival folk ». Peut-on dire que les enjeux esthétiques de ce label prolongent une tradition vivace dans l'histoire de la musique depuis le 19e siècle et l'intérêt de Debussy pour les musiques balinaises (Bartok et ses collectages, Stravinsky et la musique russe, Messiaen et la musique chinoise, Steve Reich ou Ligeti et la musique des Pygmées, La Monte Young et les musiques indiennes, Henry Flynt...), et si oui en quoi ?
Avec La Nòvia nous ne nous définissons effectivement pas dans une démarche de "revival folk", mais nous devons beaucoup à certains acteurs du mouvement folk en France dans les années 70 qui ont fait du collectage sur le territoire du Massif Central notamment. Et les enjeux esthétiques du collectif sont plutôt éloignés de la fascination de Debussy pour les musiques balinaises, une culture qui lui était étrangère. La plupart des musiciens de La Nòvia ont une pratique quotidienne des musiques traditionnelles et sont impliqués dans d'autres groupes ou collectifs tels que Tonamaï, les Brayauds ou Hart Brut... Ce qui caractérise La Nòvia c'est une certaine radicalité dans l'expression sonore qui s'appuie sur des éléments qui nous sont apparus essentiels à l'écoute des collectages : le bourdon (en tant que base du spectre harmonique), le motif et la répétition, la cadence (en tant que cadre rythmique et dynamique), et la saturation acoustique. En choisissant de développer et d'affirmer ces éléments comme langage à part entière on approche effectivement des préoccupations de musiciens américains tels que Henry Flynt, Tony Conrad, La Monte Young ou encore Phill Niblock.

Qu'y a-t-il pour vous de si puissant dans les chants de Virginie Granouillet, alias La Baracande, au point que vous formiez un groupe autour de son répertoire ?
À l'époque, avec Toad nous voulions travailler un nouveau répertoire plutôt destiné au concert - jusque là nous jouions en bal. Je m'installais à ce moment-là au Puy-en-Velay en Haute-Loire (à l'est du Massif Central) et on m'a parlé alors du fonds de collectes de Jean Dumas qui avait réalisé de nombreuses heures d'enregistrements auprès de Virginie Granouillet en Haute-Loire justement. On nous a proposé de travailler autour de son répertoire et nous avons donc invité Basile au chant puisque aucun de nous trois ne chantions. Nous nous sommes plongés dans les 140 chansons enregistrées et on a très vite été emportés par la présence de la voix de la Baracande et la tension dramatique qu'elle engage dans chaque interprétation. Nous avons sélectionné une dizaine de chansons (dont certaines font jusqu'à 26 couplets) qui se trouvaient parler presque toutes de la mort ; c'était celles que nous avions retenues ! Ce qui nous a marqué dans ce choix, c'est la permanence des mélodies et la force littéraire des textes transmis oralement de génération en génération. 

J'ai lu qu'un des motifs d'intérêt que tu trouvais aux musiques traditionnelles était la mélodie. Pendant des siècles, le modèle général considérait qu'une mélodie « belle » devrait être « correcte ». Aujourd'hui, ce modèle est bel et bien dépassé. Et je pense à votre attrait pour « l'erreur », les « désaccords » de la musique traditionnelle.... Peux-tu me préciser quel est ton rapport à la mélodie ? Quels sont les intérêts de la mélodie dans les musiques traditionnelles, en particulier d'Auvergne, que vous pratiquez ?
Ce qui m'intéresse dans la mélodie c'est la répétition, pas tellement la mélodie en tant que telle. Évidemment il y a des mélodies que je trouve plus belles que d'autres, mais elles me plaisent d'autant plus qu'elles ont le potentiel de disparaître, par la répétition, dans le bourdon. Je pense que l'intérêt principal de la mélodie dans les musiques traditionnelles du Massif Central, c'est la variation (je ne parle pas là du chant "non mesuré", qui entretient un tout autre rapport avec la mélodie il me semble). La variation permet de répéter une même mélodie sans la rejouer à l'identique tout en conservant son emprunt modal. En menant ce procédé à l’extrême on peut réduire le motif mélodique à 3 ou 4 notes qui viennent moduler le spectre harmonique du bourdon jusqu'à devenir le bourdon. On est dans un processus inverse à celui mis en œuvre par Phill Niblock par exemple. En accentuant le bourdon, en lui superposant différentes couches, il va faire émerger des harmoniques qui en modulant feront émerger une ébauche de mélodie. C'est ce va-et-vient entre la mélodie et le bourdon qui m'intéresse, qui nous plonge dans une expérience intime du son. Mais je pourrais parler aussi de la cadence, du rythme et des battements de fréquences... 

Les musiques traditionnelles que vous investissez sont détachées de leur côté fonctionnel. Qu'est-ce qui peut être gagné et au contraire perdu lors de cette appropriation ?
Je ne crois pas qu'il y ait quoi que ce soit de perdu ou de gagné. Il s'agit d'une continuité, qui évolue nécessairement, c'est le propre de la tradition. Il y a eu une coupure avec la société traditionnelle qui nous a transmis ces musiques et de fait le caractère fonctionnel de ces musiques a changé. Mais ce qui est important aujourd'hui, c'est de les garder vivantes. 

La musique que vous jouez s'apparente à une musique de transe, qui serait laïcisée, via la danse de bal. Pourrais-tu me dire quelques mots sur les rapports entre transe, danse, corps et écoute ?
Je ne suis pas très à l'aise avec cette notion de transe. Je crois que c'est quelque chose de très complexe que culturellement nous pouvons difficilement comprendre. Je suis très attaché à la danse et à et cette forme d'écoute qu'est la danse. Il y a dans le bal un point culminant, un moment d'équilibre particulier lorsqu'y il y a circulation d'énergie entre les musiciens et les danseurs permettant un instant la perte de contrôle. La danse, par le mouvement en phase avec la musique, concentre l'attention sur le phénomène sonore et favorise la mise en résonance du corps avec un espace.

Pourrais-tu m'éclairer sur ton travail en solo, et notamment sur les rapports que tu cherches à établir entre le son et l’environnement dans lequel il est diffusé ?
Un lieu n'est jamais neutre acoustiquement. Lorsqu'un son est généré dans un espace, celui-ci aura une incidence sur la nature du son. On a tendance culturellement à focaliser notre attention sur l'objet sonore, mais j'aime orienter mon écoute vers les transformations et les nouvelles localisations du son induites par l'espace environnemental et social. Ce déplacement de l'écoute au-delà de son ego crée un mouvement qui, comme la danse, favorise la mise en résonance du corps avec un espace. Dans mon travail en solo, mais aussi dans des projets comme Le Verdouble, je cherche à mettre en œuvre plus directement des procédés musicaux qui révèlent les spécificités acoustiques des lieux.


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.Novembre 2014   The Avant-Guardian


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.Juin 2013   France Culture : Pas la peine de crier


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Des balles et des ballons (5/5) : Des ronds dans le son : Carte blanche musicale à Yann Gourdon
Par Marie Richeux

Dernier jour de cette semaine circulaire et rebondissante. Nous offrons notre carte blanche musicale du vendredi à Yann Gourdon, compositeur, grand joueur de vielle à roue. Il travaille par ailleurs sur les usages du son continu. C'est dans cet esprit qu'il signe et commente cette carte blanche musicale.

Le son, s'il demeure invisible, est bel et bien physique. Physique par définition, physique par la sensation, la perception. Et comme la balle d'un enfant se cogne contre le mur, les ondes se cognent aussi. Les obstacles de l'espace influent sur leur propagation, leurs trajectoires, qui peuvent, surtout quand on le cherche, être circulaires. Faire de la musique agit sur le lieu, et l'inverse vaut. Faire de la musique, c'est aussi créer des lieux possibles. Pour l'écoute, la danse, les ronds.

Nous avons voulu confier cette carte blanche musicale du vendredi à un joueur de vielle à roue. Voilà le premier rond, celui que dessine le bras. Ceux d'après seront concentriques, ou coupés comme l'image d'un pont vu du dessous. Nous avons proposé au vielliste et compositeur Yann Gourdon une carte blanche musicale à partir de ces motifs. Il est venu avec la musique pour nous en parler, à partir de 16h20.



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.Juin/Juillet 2012   Chronic'Art #77

Chronic'Art


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.Janvier 2012   Almanach SOLDES, Fins de Séries


Almanach SOLDES 1

Almanach SOLDES 2